KIKI

Dans le tréfonds de ma carcasse j'ai un chien qui jappe. J'ai beau le tenir en laisse dans des convenances distinguées, rien n'y fait, il déboulonne mon Karma et s'invite dans mon jeu quille privé.

Je sais qu'il n'a pas le droit d'être là, alors je l'ai caché au plus profonds de moi. Je prétendais être humain ou des trucs comme ça...

Attaché dans mon jardin, il foutait quand même du chien sur la fleur de ma peau, il montait la garde quand je partais en vrille et déchiquetais le luxe de mes oripeaux.

Il m'a filé pas mal de puces, surtout à l'oreille... Des qui dérangent et qui vous gratte jusque tard dans la nuit.

Il finissait toujours par repointer le bout d'son nez, avec un peu plus de blues dans l'encornet. Alors je l'ai accepté, voilà j'ai un chien en moi.

Les voisins ont gueulé, bien sur, j'avais beau le maquiller en chat, mais c'est clair que c'est un pas-chat. C'est un chien, un vrai.

Parfois il me fait rire, quand il montre les dents, j'ai même de la tendresse quand il a de la rage dedans.

Parfois il me fait carrément flipper, quand il mets à sac les ruelles de mon intimité.

Ils ont tous voulu lui mettre la muselière au nez, ils m'ont même proposé de l'échanger, contre un mouton, un âne ou un truc plus mignon, mais j'peux pas. Je l'aime le chien qui est en moi.

La pâleur de la lune se répercute en mille rumeurs folles et dans quelques années, ils finiront bien par l'euthanasier.

Et s'en sera finit de la nuit des chiens. Il n'y aura plus, vraiment plus rien...

Lux.